Lors de représentation musicale acoustique, concert symphonique, de jazz, traditionnel... l'auditeur demeure passif. Par opposition, une audition d'oeuvre electro-acoustique, musique électrifiée, électronique, peut être transformée. En effet dans ce cas, l'auditeur peut à chaque moment intervenir sur certaine particularité du son. Le volume varie la puissance sonore, le panoramique (balance) la répartition du son dans l'espace, l'égalisation (la tonalité) sur la mise en avant d'un registre sonore. En ce sens, l'auditeur participe à l'interprétation de l'oeuvre. Dans un sens plus large, un studio d'enregistrement par ses outils de traitements sonores sophistiqués est un instrument de musique qui participe à l'élaboration de la composition.

Le support écrit de la notation traditionnelle a rencontré au cours du XX° siècle cet autre support : l'enregistrement. Ce dernier conserve, rejoue des sons sans l'aide de musiciens. L'enregistrement est un retour vers une certaine oralité. L'écoute est ouvertes à de nombreux styles de musique. L'imitation est introduite par des fragments d'archives sonores (samples, echantillons). La mémoire est le support de stockage informatique. Jouer est enfin la possibilité de couper, coller, modifier l'imitation. La transition générationnelle musicale par la démocratisation des outils informatiques et la culture du Mass Media tend vers cette oralité.

Cette venue de la technologie musicale et multimédia intéractive bouleverse les habitudes du compositeur. Il devient tour à tour technicien du son, architecte acoustique et programmeur interactif d'identité sonore et visuelle. Le compositeur est par définition l'architecte d'une structure sonore. Il élabore la structure du terrain (les musiciens), choisit les matériaux (les instruments), dresse les plans (la composition), et intègre son oeuvre dans des choix esthétiques de l'urbanisme musicale (la diffusion).

Le choix des musiciens est, dans la forme la plus classique du terme, un exécutant dont les talents sont de maîtriser un instrument, une bonne lecture du solfège, un sens de l'interprétation et de l'improvisation. Mais le musicien peut être aussi un Dj dont le choix des oeuvres diffusés, le montage des transitions sonores, la réinterprétation d'un titre ou de plusieurs simultanément et un solide sens de l'animation dance floor sont autant de savoir faire. Enfin, la réalité des capteurs de mouvements, des webcams, des joysticks et autres pads permettent à toute personne de produire des sons et de les organiser. Dans un mouvement de création collective, ces musiciens jouent avec l'identité sonore modulable définie par le compositeur.

Les matériaux sonores sont les instruments. Du son des pas foulant le sol des premiers musiciens-danseurs de nos ancetres, au dernier instruments complexes par leur modularité interactive électronique et informatique, synthétiseurs, sampleurs et programmes virtuels, l'oeuvre musicale est définie souvent par une couleur associée à l'addition du timbre de chaque instruments.

Librement interprété par Gisles.Nhy